Cet ouvrage traite de la violence intra-familiale agit par le père de famille, sur sa femme et sur leurs deux filles.
L’histoire, romancée, se déroule dans un village perché dans les montagnes valaisannes, Jeanne, la narratrice grandit au milieu de la violence intrafamiliale. Sa mère et sa sœur aînée semblent résignées. Les proches de la famille ; voisins, médecin de la famille, savent ce qui se passe dans cette famille mais ils se taisent. Personne ne dit rien.
La sœur de Jeanne se suicide. Quelques temps avant le suicide de sa sœur, Jeanne apprend que sa sœur a été abusée sexuellement par leur père. Elle développe une haine exacerbée vis à vis de son père.
Jeanne devient institutrice et part s’installer à Lausanne.
A partir de la lecture que j’ai faite de cet ouvrage, je vous présente mon analyse, en lien le sujet suivant : “Les impacts de la relation des parents, (entre eux, avec leurs enfants) sur la fratrie.”
La question que l’on peut se poser est la suivante : “En quoi la violence intrafamiliale agit par le père de famille sur sa femme et ses filles va-t-elle avoir une influence sur la relation des parents, entre eux, et dans quelle mesure la relation des parents va influer sur la fratrie ?
La violence intrafamiliale va prendre toute la place dans l’ambiance familiale.
Chacun dans la famille, va voir sa place et son rôle évoluer à partir de cette violence physique et verbale.
Les mécanismes de défense
Chaque membre de la famille victime de la violence du père, va mettre en place des mécanismes de défense différents pour vivre avec cette violence ou tenter de la fuir.
Jeanne tente de se protéger de cette violence familiale
L’éloignement géographique de Jeanne vis à vis du domicile familial et de la violence agit par son père est une protection pour elle.
Elle s’autorise, par cet éloignement géographique, à s’ouvrir aux autres, à tomber amoureuse d’un garçon, d’une fille. Ces rencontres amoureuses vont lui apprendre qu’il y a d’autres manières d’être en relation avec les autres que la violence physique et verbale. Elle va découvrir la tendresse, le plaisir sexuel, l’attention à l’autre, l’amour.
Une fois installée à Lausanne, elle suit également une psychothérapie.
Sa fuite à Lausanne va être une manière pour Jeanne de se découvrir, d’apprendre à savoir qui elle est réellement.
La mère de famille va se protéger dans une certaine mesure, de la violence agit par son mari sur elle, en fuyant par son imaginaire
La mère de Jeanne va entretenir une relation amicale par correspondance, avec le médecin de famille.
La transmission de la violence entre les parents et auprès des enfants
Jeanne prend conscience que la violence agit par son père lui a été transmise malgré elle.
Elle va prendre conscience au fil du temps et de ses histoires amoureuses et sexuelles, qu’elle agit malgré elle, la même violence sur ces petits amis et petites amies, que la violence que son père agi sur sa mère, sur sa sœur et sur elle.
La violence fait partie des schémas relationnels dans la famille
Je fais l’hypothèse que Jeanne depuis toute petite, a intégré cette violence en elle, en la vivant de l’intérieur, dans son schéma familial. Ainsi il est difficile pour elle, une fois adulte, d’agir différemment que par cette violence lorsqu’il y a des désaccords ou de l’intimité dans ses relations avec les autres.
Malgré sa fuite du domicile familial et l’éloignement géographique, la violence reste présente dans les schémas relationnels de certains membres de la famille comme c’est le cas, ici, pour Jeanne avec ses proches, une fois devenue adulte. .
La psychothérapie de Jeanne
L’un des enjeux pour Jeanne, dans sa psychothérapie, sera de prendre conscience de ses mécanismes dans ses relations interpersonnelles et de déconstruire petit à petit ces mécanismes pour découvrir d’autre manière d’être en relation avec les autres. Nous pourrions imaginer que son contrat psychothérapeutique avec le psychopraticien sera : “Qui je suis ? et comment je suis en relation avec les autres ?”
Les traumatismes infantiles et leurs conséquences néfastes sur l’adaptation ultérieure de la personne.
Dans l’article de Margaret K. Moroney, AAT 54, p69, Parentage et reparentage en A.T ; cinq méthodes. L’auteur relate que c’est Freud qui, le premier a traité des traumatismes infantiles et de leurs conséquences néfastes sur l’adaptation ultérieure de la personne. Depuis les théories des troubles mentaux, ont presque toutes accepté l’idée que des problèmes non résolus, au cours de la croissance peuvent engendrer des problèmes cognitifs et affectifs chez l’adulte. Ainsi l’inadéquation du parentage est considérée comme l’une des causes majeures des troubles mentaux et bien souvent la thérapie cherche surtout à contrecarrer les effets destructeurs pour la personne.
L’aînée se suicide
Nous pouvons ainsi, faire l’hypothèse que la maladie psychique et les addictions de la sœur aînée, diagnostiquée comme étant schizophrène et alcoolique, relèvent dans une certaine mesure des conséquences de cette violence physique, sexuelle et verbale agit par le père sur sa fille, durant toute sa vie.
La méthode du Reparentage en régression totale
Le cas de cette jeune femme nous fait penser à la méthode du reparentage élaborée et mise en pratique par la thérapeute, Jacqui Schiff, vers la fin des années 60. Cette méthode nouvelle était destinée à guérir des personnes atteintes de schizophrénie grave. Les personnes habitaient avec leurs thérapeutes tout au long du traitement et régressaient totalement et de manière permanente vers un âge de la prime enfance. Les thérapeutes prenaient soin d’elles comme un membre de leur famille. Les personnes étaient encouragées à résoudre leurs conflits archaïques dans le contexte familial protecteur mis en place par les thérapeutes. Il s’agit d’un point de vue de l’A.T, de mettre hors circuit le parent malsain et de le remplacer par un parent sain, construit dans la relation symbiotique avec les thérapeutes. Les besoins des personnes étaient pris en compte, elles incorporaient les nouveaux messages, et les limites du nouveau Parent et assimilaient ainsi ces nouvelles informations en tant qu’Adulte. L’intention était de résoudre la symbiose et d’aller vers l’Autonomie.
Il existe d’autres techniques de reparentage développées dans cet article, que je ne développerai pas davantage ici.
Dans cet ouvrage, l’auteur nous décrit la peur exacerbée de Jeanne, dès l’enfance puis qui l’a poursuit une fois adulte, comme l’une des conséquences de la violence intrafamiliale. La peur du moindre bruit, d’une porte qui claque, la peur dans ses relations avec les autres. Elle agit une grande distance avec les autres ou au contraire une forte proximité et un besoin de présence et d’attention constante vis-à -vis de ses partenaires amoureux. La peur des hommes, la peur de s’engager, la peur de vivre.
L’absence de Protection de la part des parents vis à vis de leurs enfants
La mère de famille a laissé faire cette violence et n’a pas mis la protection nécessaire que ce soit vis à vis de ses enfants et pour elle-même.
Jeanne a demandé voire même supplié sa mère à plusieurs reprises de quitter le domicile familial mais cette dernière a toujours refusé, en prétextant le fait de ne pas savoir où aller et ne pas savoir construire une autre vie, ailleurs du domicile familial.
Je fais l’hypothèse que l’absence de protection de la part des parents vis-à -vis des enfants et le fait de laisser faire cette violence intrafamiliale a eu des conséquences très graves sur le développement psycho affectif de leurs deux filles et de leur construction en tant qu’Adulte.
Cela a créé dans cette famille, un climat de peur, de haine, de méfiance, de vigilance permanente pour les victimes. Elles se sont senties impuissantes face à cette violence. Elles étaient toutes les trois victimes de la violence commise par le père de famille. La mère a choisi de rester, l’aîné a décidé de fuir et la cadette s’est suicidée.
Elles se sont construites avec un schéma familial ou le parent ne protège pas ses enfants. Le parent a toute puissance sur les enfants et a le droit de faire du mal à ses enfants sans que cela soit remis en question ni par les parents ni par le monde extérieur.
L’enfant tente de protéger le parent victime de violence
Nous voyons ici que Jeanne a tenté d’agir de la protection vis à vis de sa mère. C’est comme s’ il y avait une inversion des rôles entre le parent et l’enfant. L’enfant tente de protéger la mère et la sœur alors que cela devrait être du ressort du parent. Malheureusement cela n’a pas fonctionné et cela a exacerbé le sentiment d’impuissance que ressent Jeanne face à cette situation familiale insupportable et sans issue pour sa mère et sa sœur.
Cela me fait penser à une autre situation familiale amenée par l’un de mes patients, au cabinet de psychothérapie qui évoque que lorsque le père de famille a commencé à agir de la violence physique et verbale sur l’un des enfants, ce dernier a demandé à sa mère de faire cesser la situation en lui disant d’aller alerter la gendarmerie. La mère de famille a réagi rapidement et à demander à son mari de quitter le domicile conjugal. Cela a pris du temps mais il est finalement parti. Les parents ont divorcé.
La transmission de la violence dans les relations aux autres
A ce jour, les enfants devenus adultes agissent parfois de la violence dans leurs relations aux autres.
Nous pouvons faire l’hypothèse que les schémas de relations intrafamiliales violentes qu’ils ont vécu avec leur père ont des répercussions sur leur manière d’être en relation avec les autres, une fois adulte. Ils agissent parfois de la violence lorsqu’ils ressentent de la colère ; ils cassent du matériel, du mobilier, ils tapent les autres. Ils devront apprendre à agir leur colère différemment que par de la violence.
Le fait que le père de famille soit parti du domicile conjugal a été une mesure essentielle pour agir de la protection nécessaire vis-à -vis des enfants et de la mère.
Le départ du père de famille a également montré aux enfants que sa violence n’était pas appropriée dans les relations avec les autres.
Je trouve que c’est apprenant pour les enfants dans le sens où ils auront conscience qu’il y a d’autres manières d’être en relation avec les autres que la violence physique et verbale.
Cela permet également au conjoint qui est victime de cette violence de poser ses limites vis-à -vis du mari violent, de remettre un leadership sain et protecteur dans la cellule familiale. A savoir, montrer aux enfants ce qui est permis et ce qui n’est pas permis dans la cellule familiale. Le message transmis serait : “La violence qu’elle soit physique ou verbale est interdite dans notre famille.”